Jane Ryder, mis en ligne le 8 novembre 2011.
Mon expérience en pédagogie « à l’anglo-saxonne » est due à mon travail de formatrice d’enseignants pour "Cambridge ESOL", une section de l’université de Cambridge en Angleterre. Il s’agit de formations très reconnues pour les personnes qui veulent exercer le métier de formateur/enseignant en anglais à l’étranger : la « CELTA » (Certificate in English Language Teaching to Adults) et la « DELTA » (Diploma in English Language Teaching to Adults).
Je dirais que la caractéristique principale de ces formations consiste en une dynamique peu ancrée en France, celle d’une pratique réflexive. La finalité est d’amener chaque enseignant à continuer à réfléchir sur sa pratique pour le reste de sa vie professionnelle et de ne jamais arrêter de s’améliorer. L’autre aspect qui marque ces formations se caractérise par un mélange de théorie et pratique. Les candidats font des cours qui sont observés, discutés, et, avec l’aide des tuteurs, ils promeuvent une réflexion sur l’application de la théorie dans les classes.
Tout l’art de cette approche réside dans la manière dans laquelle l’observation par le ‘tuteur’ est effectuée et ses commentaires délivrés à l’enseignant-stagiaire. Loin d’être une inspection académique ‘à la française’, le tuteur de Cambridge a comme critères la facilité de l’enseignant à mettre ses étudiants à l’aise, son amabilité, sa compétence à faire parler ses étudiants en se taisant lui-même, sa maîtrise des méthodes communicatives, son imagination. Après le cours, les enseignants-stagiaires se retrouvent dans un travail de groupe et, dans un premier temps, commentent les cours de leurs collègues. Le tuteur établit un contexte de critique constructive pour ces séances de ‘feedback’ et arrive à toujours trouver quelque chose de positif dans chaque cours, même dans les plus désastreux.
Le résultat de cette approche est que les enseignants commencent à avoir confiance en eux-mêmes et dans leurs collègues. L’accent est fortement mis sur le travail d’équipe et ils sont encouragés à continuer à travailler en équipe, là où c’est possible, une fois qu’ils commencent à exercer leur métier à l’extérieur. La pratique réflexive a plus d’importance encore dans la formation « DELTA ». Au Royaume Uni le DELTA vient d’être rehaussé, sur l’échelle nationale des diplômes universitaires, au même niveau qu’un Masters. Dans le « DELTA » les candidats passent par le même processus d’observation et de critique, mais, en plus, ils sont amenés à produire également une réflexion écrite sur leur propre pratique d’enseignant. Ils sont tenus d’essayer une technique en classe qu’ils n’ont jamais utilisé auparavant et de réfléchir sur l’expérience.
Cambridge cherche à créer, avec ces formations, un corps composé d’enseignants qui vont continuer à se mettre en question, à expérimenter et à discuter entre eux, tout au long de leur carrière. Je dirais qu’ils ont réussi. Je viens de rentrer de la 30ème conférence de « TESOL France » à Paris ce week-end. J’y côtoyais beaucoup de gens qui ont passé par ces formations. Loin d’une salle de profs de ‘râleurs’, l’ambiance reflétait une joie de vivre extraordinaire. Il est important de rappeler qu’un membre ‘type’ de TESOL France gagne beaucoup moins qu’un prof titulaire d’Education Nationale mais semble tirer beaucoup plus de satisfaction de son travail.
Pour plus d’informations CELTA et DELTA :
» La formation des enseignants. Exemples venus d’ailleurs…
» La formation des professeurs en Finlande : clé de voûte d’une réussite éducative exceptionnelle
» UNESCO. L’éducation pour tous (EPT). Les objectifs de Dakar (2000)
» La formation des enseignants au 21e siècle
» Propositions de formation des enseignants fondées sur des pratiques effectives à l’étranger
» Les rythmes scolaires en Europe
» L’école en Europe
» La formation des enseignants à Genève. A la croisée des pratiques pédagogiques et des sciences de l’éducation
» Mouvement Humanisation (Quebec)
» Manifeste pour une école compétente (Quebec)
» Des écoles publiques allemandes abolissent notes et classements