André Giordan, mis en ligne le 23 janvier 2014.
André GIORDAN
Enfin les institutions prennent conscience de l’importance de « l’apprendre » ! Jusqu’à présent l’école, l’université, les formations continues, et même les médiations informelles, étaient centrées sur la transmission. Les sciences de l’apprendre viennent même d’être officialisées à l’UNESCO par le projet de chaire ; en France des projets de recherche sont lancés par l’Agence Nationale de la Recherche. Depuis 1974, André Giordan travaille sur l’apprendre, d’abord solitairement, ensuite avec son ancienne équipe du LDES. Son premier article Pourquoi l’autonomie des élèves en Biologie ? (1) proposait de favoriser l’autonomie de l’élève pour faciliter ce processus. Sa thèse (2), une codirection entre les universités de Paris V et Paris VII met en évidence l’importance des « conceptions des élèves » –on parlait alors de représentations- dans l’acte d’apprendre.
Mais c’est surtout son livre Les origines du savoir qui initie une nouvelle approche. Connaître les conceptions ne suffit pas pour "faire apprendre". Encore s’agit-il de les transformer ! André Giordan a tenté de repérer les processus intervenant dans ces changements mentaux et les conditions qui les favorisent. Il est apparu ainsi que les modèles transmissif, behavioriste, constructiviste ou socioconstructiviste (dont les méthodes dites « actives », les hands-on ou le conceptual change) étaient trop limités.
Un nouveau modèle de l’apprendre en est résulté, connu sur le plan international sous le vocable de modèle allostérique (allosteric learning model pour les anglosaxons, modelo de apprendizaje alostérico en espagnol ou MAA pour les hispanique, 变构学习模型 pour les chinois).
Il s’agit en fait d’un méta-modèle qui englobent les autres, aux composantes systémique et paradoxale. Ses originalités sont notamment de mettre :
en avant l’importance du désir d’apprendre, moteur du processus,
l’accent sur la déconstruction ou plutôt sur les interactions entre construction et déconstruction dans l’appropriation d’un savoir ;
Enfin, il propose de travailler l’apprendre dans les 6 dimensions de l’apprenant, au travers d’un environnement didactique pertinent.
Ces propositions, résultat de 20 ans de recherches sur le terrain, sont popularisées dans son livre Apprendre.
Depuis, le modèle allostérique est repris dans l’éducation en général. Il est décliné en éducation en sciences humaines, éducation aux langues, en éducation sportive et physique et même en… théologie ! Toutefois, c’est surtout en formation continue, en muséologie et en médiation, qu’il exprime tout son potentiel ; pendant qu’il suscite un énorme intérêt en éducation thérapeutique et en éducation à la santé. Enfin les québécois et les brésiliens l’ont adapté à la formation professionnelle, pendant que les chinois l’envisagent pour former leurs 20 millions d’enseignants.
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